Petit guide d’écriture inclusive

par | Avr 15, 2025

Sur les bancs d’école, on nous apprend qu’en grammaire, « le masculin l’emporte ». Néanmoins, l’évolution du contexte social et des mentalités amène à délaisser cette règle démodée pour se tourner vers une écriture plus inclusive.  En matière de rédaction inclusive, deux approches coexistent : la rédaction épicène et la féminisation lexicale.

Rédaction épicène

La rédaction épicène consiste à employer des formulations neutres, soit dénuées de genre, pour désigner un ensemble d’hommes et de femmes. En pratique, cela peut se faire en privilégiant :

  • des désignations neutres, comme la direction pour remplacer le directeur ou les élèves pour remplacer les étudiants;
  • des noms collectifs, comme le lectorat pour remplacer les lecteurs;
  • des adjectifs épicènes, comme spécialiste pour remplacer spécialisé;
  • des pronoms épicènes, comme quiconque pour remplacer celui ou celle qui.

Dans le cas où ces techniques ne peuvent être appliquées, on peut recourir à la rédaction de phrases épicènes, c’est-à-dire construire des phrases sans sujet genré. Par exemple, on remplacerait le rédacteur doit terminer son article d’ici demain par l’article doit être terminé d’ici demain. On peut également avoir recours à des appellations de personnes à genre grammatical fixe, dont plusieurs sont listées sur le site de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Le terme le plus utilisé est sans aucun doute personne, mais il faut toutefois faire attention à ne pas le surutiliser ni à l’ajouter inutilement. Par exemple, il vaut mieux écrire les responsables plutôt que les personnes responsables.

Féminisation lexicale

La féminisation lexicale consiste à nommer les deux appellations, soit masculine et féminine, lorsqu’on fait référence à un terme genré. Cela se déploie en deux méthodes.

  • Doublets complets

Il s’agit d’écrire en entier les deux appellations, avec l’ajout de la conjonction et ou ou entre les deux. Par exemple, le directeur ou la directrice ou les étudiants et les étudiantes.

  • Doublets abrégés

Bien que l’OQLF recommande de prioriser les doublets complets, ceux-ci ne se prêtent pas à tous les formats, surtout lorsque l’on dispose d’un espace limité. Entrent alors en scène les doublets abrégés, que l’on peut former avec différents signes de ponctuation.

Les parenthèses : indiquer la terminaison féminine entre parenthèses, par exemple, adjoint(e) administratif(-ive). Vous remarquerez ici que lorsque la fin du mot masculin n’est pas modifiée, on se contente de mettre les lettres ajoutées entre parenthèses. Cependant, lorsque des lettres sont escamotées de la forme masculine, on ajoute un tiret avant la terminaison. En ce qui concerne les prépositions, on ajoute la forme féminine de la façon suivante : le texte du (de la) rédacteur(-trice).

Les crochets : même principe qu’avec les parenthèses, mais en utilisant des crochets à la place. Par exemple :  directeur[-trice].

Le point ou le point médian : mettre un point ou un point médian (point milieu) devant la terminaison féminine, par exemple réviseur.e ou réviseur·e. Dans les deux cas, le pluriel est inclus dans le doublet féminin, sans être séparé par un autre point. On écrira par exemple réviseur.es et non réviseur.e.s. Si la forme plurielle diffère entre le masculin et le féminin, il faut alors indiquer les deux (par exemple, nombreux.ses). Toutefois, comme cela risque de rendre la lecture plus complexe, il est préférable de ne pas employer les doublets abrégés dans ce genre de situation.

À noter que l’OQLF préconise toujours l’utilisation de la parenthèse pour les doublets abrégés, mais que le point et le point médian sont de plus en plus répandus dans l’usage.

La clé du succès en rédaction inclusive

Ce qu’il est important de retenir, c’est que ces façons de faire sont complémentaires; il est donc recommandé d’utiliser une combinaison de rédaction épicène et de féminisation lexicale. Il faut adapter les méthodes d’écriture inclusive au type de contenu, au ton, au public cible et à l’espace alloué. D’ailleurs, bien que les textes ne devraient plus être intégralement rédigés avec le masculin générique, l’emploi de ce dernier est toujours acceptable lorsque le contexte s’y prête (et qu’il est utilisé avec parcimonie!).

Dans tous les cas, une astuce essentielle qui permet d’économiser beaucoup de temps est de toujours garder l’écriture inclusive en tête lors de la conception et de la rédaction. Cela évite d’écrire un texte entier avec la masculinisation générique pour ensuite devoir le modifier.

Vous ne vous sentez pas assez à l’aise pour pratiquer l’écriture inclusive? Faites appel à la plume aiguisée de notre équipe! Nous sommes là pour vous apprendre, vous guider, corriger vos erreurs, ou toutes ces réponses.

Sachez que notre équipe peut aussi former vos adjointes, gestionnaires ou professionnels RH en matière de bonnes pratiques de féminisation ou de rédaction épicène!

Article rédigé par Laurence Bouillon, rédactrice et consultante en communications

Source : Office québécois de la langue française

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